La lumière du dedans
Chaque fois qu'on me menaçait, qu'on me dénonçait:
« Elle habite dans une yourte, elle a pas de baignoire, elle est insalubre, elle est dangereuse, elle est instable, elle est folle.... »,
je savais que si je les écoutais,
je perdrais le sens de ma vie.
J'ai appris à n'écouter que la voix du dedans.
Qui depuis longtemps enflait comme une clameur.
Amoureuse transie et exaltée de la lumière
si belle, si limpide et si chantante
qui traverse la yourte de l'aurore au soir,
j'y puise mes ravissements et ma gratitude.
C'est ainsi que j'ai épousé le Tao de la Yourte.
C'est ainsi que j'ai perdu la peur, mais pas la joie.
Ainsi que j'ai perdu mon mariage, mais pas l'amour.
Perdu mes amours, mais pas mon cœur.
Perdu la sécurité, mais pas la compassion.
Perdu mon travail, mais pas la création.
Perdu mon statut social, mais pas mon intégrité.
Perdu mes ovaires mais pas ma féminité.
Perdu ma fille, mais pas le courage de vivre.
Perdu la force mais pas la foi.
Perdu ma carrière mais pas la réalisation.
Perdu ma jeunesse mais pas l'avenir.
Perdu mes illusions, mais pas mes rêves.
Perdu ma maison,
mais pas mon engagement profond envers le monde.
Perdu mes ailes, mais pas ma colombe.
Perdu mes procès mais pas la vérité.
Perdu mon jardin mais pas ma rose.
Perdu l'orgasme mais pas l'extase.
Perdu la guerre, mais pas la paix.
J'ai perdu ou j'ai donné,
selon ma résistance ou mon consentement,
mon orgueil ou ma prosternation.
Si j'ai donné,
c'est qu'enfin j'ai pu voir
le prince dans le crapaud,
ouvrir ma couche à l'Epoux du dedans,
l'étalon de mes rêves qui m'entraine au galop
à sauter les derniers remparts vers la liberté.
Vous dites que je suis pauvre
parce que je n'ai pas d'argent
et pas de maison comme la vôtre,
mais je vous dis que jamais de ma vie
je n'ai été si riche qu'en ayant perdu
tout ce à quoi vous tenez.
Le Tao de ma yourte.
WE pour la journée de la femme 8 Mars 2009 sous les yourtes
Si tu es une femme,
si tu connais des femmes,
si tu veux marquer le coup
pour la journée des femmes,
voici une proposition
de retrouvailles entre femmes:
Invitation à la fête des femmes
Week-end du 7 et 8 Mars 2009
Tu peux venir au Cantoyourte,
camp de plein air avec trois yourtes pour t'accueillir,
dés 14H le Samedi pour participer au débat,
sur le thème:
« Femme et foyer, féminisme et habitat »
Apporte un plat et une boisson à déguster pour le partage du repas du soir,
ainsi qu'un bol avec tes couverts.
Pour la fête, n'oublie pas ta musique préférée, tes instruments, tes textes etc..
Amène tes chaussons et ton duvet si tu veux dormir sous la yourte.
Dimanche, échanges de pratiques, atelier sur les rêves, papotages, pikniks partagés.
Attention, nuits encore très très fraiches....
Pense à faire garder tes enfants et amène tes copines!
Pour venir au Cantoyourte,La Cantonnade, 30160 Besseges:
Aller à la gare SNCF de Besseges, puis direction Genolhac, prendre la première route à gauche. Monter toujours sur la gauche jusqu'au transformateur électrique et se garer. Le camp est juste en face. A peine 15 minutes de marche de la gare....
Une femme, Clara Zetzin, a saisi l’opportunité de la Deuxième Conférence internationale des femmes socialistes de Copenhague en 1910 pour instaurer cette idée d'une journée de la femme en Europe, en s’inspirant de la « Journée nationale pour l’égalité des droits civiques » que les américaines avaient organisé l’année précédente.
Et la légende dit que la date du 8 mars a été choisie en commémoration d’une grève des « petites » ouvrières du textile de Chicago !
Origine de la fête des femmes en cevennes minières
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des subprimes aux yourtes: introduction au post-capitalisme
En guise d'ouverture du séminaire de Saint-Jean du Gard
"Alternatives au capitalisme", qui commence demain 10H,
je voudrais simplement ressituer cette initiative dans son contexte local.
Nous sommes ici en Cevennes dans une région historiquement résistante à toute oppression, une région de luttes concrètes contre l'invasion impérialiste de la croyance obligatoire et de la pensée unique, imposées par des rois ou des oligarques locaux.
Mais aussi une terre de refuge pour les contestataires et les exclus.
Les combats physiques, politiques et spirituels menés sur ce territoire par une population courageuse et rude, experte en dynamitages de ponts et bulldozers, sont toujours d'actualité.
De part la configuration géographique en vallées isolées, les pouvoirs centralisés n'ont jamais pu venir totalement à bout d'une tradition d'autonomie, gagnée par un travail acharné sur des terres isolées et difficiles d'accès.
Les tracteurs de l'agro-industrie n'ont guère pu ici éradiquer le bon sens d'une économie de subsistance fondée sur le soin attentif, par des générations d'austères cultivateurs, de l'éco-système.
Mais même dans ces endroits reculés, la répression fait rage:
là où l'on ose questionner, dans la diligence emportée à toute allure, le cocher sur sa destination, alors que celui-ci répond:
« Demandez aux chevaux! »,
des hordes de gendarmes déboulent chez des jeunes paysans vivant chichement de leur jardin, pour tout casser et les virer.
C'est ce qui s'est passé à la Picharlerie, ruine d'une ancienne école de formation
de combattants-résistants contre l'invasion allemande, retapée par quelques jeunes qui y ont reconstruit four à pain et bergeries.
Expulsés manu militari par les gardiens de la paix républicaine, qui ont rasé le hameau au bull d'ozer pour que personne ne puisse plus rien en faire, ces jeunes sont, à leur manière, comme leurs ancêtres maquisards,
des combattants de la liberté.
Ce lieu symbolique écrasé, renié, de la résistance, a fait surgir unanimement la réprobation cevenole, réunissant jeunes et vieux sur une même révolte.
Le comble étant que ce soit un protestant qui ai déclenché la curie, un pasteur qui a ainsi trahi ces rebelles protestants historiques qui se sont courageusement radicalisés ici, quelques siècles plus tôt, contre la marchandisation outrancière des indulgences et le faste pratiqués par l'église catholique.
A la Borie, un combat gagné contre le barrage qui devait ensevelir toute la vallée au dessus de St Jean a permis de sauvegarder un lieu d'expérimentation sociale et écologique pendant plusieurs années.
Ce lieu, à nouveau convoité par la logique de rentabilité, est actuellement occupé pacifiquement par un couple d'apiculteurs et une yourte collective où s'organisent des rencontres culturelles.
A l'autre bout des Cevennes, là ou des ouvriers de toute l'Europe ont sué sang et eau dans les mines de charbon, s'organisent des résistances contre la confiscation des terres agricoles, des friches industrielles et des zones naturelles par les spéculateurs et notables locaux sans scrupules.
C'est le cas du Cantoyourte, lieu de vie et d'engagement où j'habite dans des yourtes auto-construites, où j'accueille les expérimentateurs en habitats modestes et légers.
J'y mène un combat juridique et très symbolique contre des sociétés immobilières qui me disputent un terrain sur lequel j'ai acquis légitimement un droit d'usage.
Parce qu'il existe effectivement encore ici de vielles traditions de partage, d'échange, de transmission, qui ont fait la cohésion de cette culture de résistance, traditions dont la sagesse constitue un appui incontournable pour tous ceux qui, en se ruralisant, veulent donner sens et continuité à leur démarche.
Ce combat est très symbolique car il est une réponse tranchée à la crise des subprimes à l'origine de la crise économique mondiale, une symbolique forte qui met en parallèle deux modes d'habitat contemporains radicalement différents:
là ou des millions se gens se sont laissés endetter à vie pour acquérir des maisons de 250 mètres carrés au sol, maisons qui ne sont que des garages encombrés d'objets, pour se retrouver poursuivis par les huissiers et jetés à la rue,
nous répondons spontanément par un allégement volontaire de nos charges personnelles et collectives en choisissant des maisons sans serrures et des modes de vie sobres, légers, économes en énergies, attentifs à l'environnement humain et naturel.
Et nous apprenons à nous unir pour nous défendre contre l'arnaque et la violence, car évidement, la cohèrence et la dignité n'exonèrent pas des poursuites.
Les Cevennes sont donc aujourd'hui, avec d'autres régions rurales du pays, comme l'Ariège, la Creuse, le Limousin, la Bretagne, les Alpes de Haute Provence, le creuset d'expérimentations de vie et de créativité, basées sur la volonté et la nécessité de pratiquer ici et maintenant des alternatives immédiates.
Fuyant l'annihilation des corps et des esprits acculés sous des doubles contraintes intenables et des rythmes emballés,
s'extrayant d'un système moribond aliénant et dégradant qui refuse de rendre les armes,
ces expériences parallèles sont en même temps le fruit des déceptions profondes de gens qui n'attendent plus rien, mais surtout les prises de conscience lucides de la base qui s'auto-organise en conséquence.
En conjuguant inventivité, ingéniosité, sobriété et solidarité,
en refusant toute hiérarchie et bureaucratie de domination,
ces réponses spontanées aux crises économiques, écologiques et sociales constituent non seulement une nemesis salutaire à la morbidité du capitalisme, mais elles sont le ferment de la révolution en marche.
Le philospohe Axel Honneth soutient que les mouvements sociaux trouvent leurs sources non pas tant dans des conflits d'intérêts matériels que dans l'expérience du déni de reconnaissance et du mépris social.
Or les réponses politiques à la crise apportées par nos gouvernants sont exactement cela: arrogance et humiliation.
Le mouvement social,
rassemblant largement ouvriers, écologistes, alter-mondialistes, indigènes, féministes, désobéissants, expulsés, collectifs libertaires, pacifistes, paysans, auto-constructeurs, chômeurs et précaires, sans voix, sans terres, sans papiers,
est désormais convaincu unanimement de l'inanité du pouvoir politique soumis aux multinationales,
conscient que la liquidité totale du capital, appliquée par un néo-libéralisme exacerbé, débouche inéluctablement sur la liquidité-liquidation de la société.
C'est pourquoi le mouvement social est aujourd'hui,
grâce à la crise et au retour sur soi qu'elle implique,
prêt à conduire la grande transformation des habitudes qui est en cours.
Prêt à répondre à l'immense mécontentement par des politiques auto-déterminées, non-autoritaires et non populistes,
mettant en œuvre coopération et répartition des richesses.
Prêt à faire émerger, derrière des élus impuissants,
des femmes et des hommes libres aux idées neuves et salvatrices,
capables de donner corps, par des exemplarités éthiques fondées sur la crédibilité d'engagements conscientisés, à cette explosion de réseaux d'affinités et d'entraide gratuite qu'on peut voir émerger sur internet et parmi les jeunes rejetant les injustices.
Sur toute la terre, il n'y a jamais eu autant de personnes qui cherchent activement des solutions à des problèmes, qu'ils soient techniques, politiques, économiques, métaphysiques, ou seulement psychologiques.
C'est pourquoi ce séminaire se veut déboucher sur des réalités pratiques,
et j'espère qu'il saura donner place pas seulement à ceux qui savent bien réfléchir et bien parler, mais aussi à celles et ceux qui, discrètement, humblement,
avec une conscience émergente des implications de leurs actes minuscules sur la survie des peuples et la bio-diversité du monde,
sont impliqués dans des bricolages modestes et géniaux
pour la construction de leur vie, de celle de leur famille et de la société.
Ces petits arrangements, ces usages d'avant, maintenant et demain,
qui sont la trame d'une identité collective non idéologique,
sont le terreau d'une culture universelle que nous devons nous approprier,
ils sont les fondations immunitaires d'un avenir possible et désirable pour six milliards d'êtres humains.
Tous habitants sur une planète dont l'espace ne pourra plus être extensible
que par l'esprit,
une planète dont la richesse et le progrès doivent désormais se fonder sur l'immatérialité du lien social, la valorisation de la personne dans ses dimensions les plus humaines, la justice et la fraternité.
J'animerais pendant ce séminaire un atelier sur les statuts et usages, en perpétuelle innovation, des habitants modestes et légers,
et la nécessaire organisation qu'il nous faudrait mettre en oeuvre pour faire face aux répressions.
et plein d'autres choses !
RV sur :
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